Quelques retours sur le précédent post

Voici un début de réponse aux quelques questions du post sur l’expérience, combinant à la fois ma vision et des retours sur vos (précieux) commentaires.

Le talent, au sens de don, est-il un accélérateur qui permet de faire autant avec moins d’expérience ? Et le talent demande-t-il dans tous les cas de l’expérience pour se développer ?

Talent & expérience

La première question est presque une question piège 🙂 Selon moi, le talent ne remplace pas l’expérience. Si l’on s’appuie sur l’idée de don, ou « d’inné » (dixit le commentaire de Sanji), le talent est une graine qui a besoin d’être arrosée pour donner un arbre et des fruits. L’arrosoir, c’est l’entraînement, la pratique, la gestion des imprévus… en un mot l’expérience !Je prends toujours des exemples du monde sportif ou artistique car nous les partageons tous, mais si l’on regarde les sportifs les plus titrés, toutes disciplines confondues, il a fallu à chacun de nombreuses années avant de décrocher leur premier titre ou de monter sur le podium. Michael Jordan ou Kobe Bryant au basket, Roger Federer au tennis, Zinedine Zidane au football, tous ont du travailler et patienter avant de gagner ! Bien sûr, on trouve bien quelques ovnis comme Boris Becker qui gagnent Wimbledon à 17 ans, mais c’est plus de l’ordre de l’exception.

Ces sportifs avaient tous un don, mais il a demandé du temps et des efforts pour donner les fruits sucrés de la victoire. En revanche, je crois profondément que si le talent ne s’oppose pas à l’expérience, il s’oppose au « labeur », au sens de devoir effectuer un travail dit « laborieux », selon l’acception commune du terme.

Le talent se rapproche des notions de fluidité, de facilité, d’aisance. On a le sentiment quand on regarde ces sportifs qu’ils glissent dans leur discipline, qu’ils se « baladent ». Aucun effort ne peut engendrer cette impression de légèreté, c’est cela « l’inné ».

Ainsi, un orateur talentueux n’a pas besoin de répéter dix fois avant de monter sur scène. Le talent lui évite l’obligation de répéter de nombreuses fois pour se sentir sur de lui et pouvoir affronter l’audience. Mais aussi talentueux soit-il, s’il n’a pas travaillé le contenu de sa présentation a minima, il ne fera pas de miracle. Le talent est un « raccourci », mais il y a quand même un chemin à suivre…

Autres questions intimement liées :  ceux que l’on dit appartenir à la génération Y ont-ils conscience de la valeur de l’expérience ? Et ceux qui en ont ont-ils envie de la partager avec les jeunes talents qui arrivent dans l’entreprise ?

Génération Y & expérience

Je trouve  vos commentaires très intéressants, parce que d’une certaine façon, ils mettent en évidence le phénomène de l’œuf et de la poule…. Quand la génération Y a envie d’apprendre de l’expérience d’autrui, les « sages » sont-ils prêts à partager, et de la façon la plus adaptée à cette jeune génération ? Et lorsque le partage s’effectue selon un mode peu adapté à la jeune génération, celle-ci fait-elle l’effort de passer « au-dessus » de la forme pour accéder au fond ?

Personnellement, si je me réfère à mes jeunes collaborateurs de TalentSoft, je les trouve très à l’écoute. A condition que l’on fasse preuve d’exemplarité ! L’une des différences avec les générations précédentes est qu’effectivement, ce n’est pas le titre de responsable hiérarchique qui confère une autorité et force l’écoute, c’est le respect de ce qui a été accompli… et de ce qui l’est encore.

Quelqu’un racontant des anecdotes datant du siècle dernier mais qui ne démontre plus rien depuis 10 ans ne les intéressera pas forcément, à tort ou à raison. A l’inverse, dès lors que l’on démontre de réelles capacités, ils ont envie d’apprendre et de comprendre comment refaire la même chose.

Pour les personnes expérimentées, il faut donc accepter de se faire « chahuter » un petit peu et de ne pas pouvoir s’abriter derrière le bouclier que peut conférer l’expérience. Mais je trouve personnellement sain que l’écoute soit liée à l’exemplarité plutôt qu’à l’autorité ! Je constate que les cas où les personnes expérimentées ne souhaitent pas partager avec les autres sont assez rares, sauf dans des contextes très politiques où la « rétention des savoirs » est le seul garant de pérennité au sein de l’entreprise. D’autant qu’aujourd’hui, les informations et connaissances prennent toute leur dimension parce qu’elles sont identifiées, partagées, notamment au travers des réseaux sociaux.

Suite des réponses au prochain épisode 😉