Le talent n’est pas une science exacte !

Hier soir, Camille Lacourt a fini 4ème du 100m dos. A 10 mètres de l’arrivée, il était encore en tête. Quelques minutes plus tard, Nelson Monfort tentait de comprendre sa défaite en l’interviewant. Le succès ne tient parfois à pas grand-chose ! Peut-on assimiler sa défaite à une question de talent ? Sachant qu’il est champion d’Europe et champion du monde de cette discipline, probablement pas….

Tout s’est joué à quelques dixièmes de secondes. Quelques dixièmes sur lesquels se sont joués l’ensemble des efforts de l’année. Lors de l’interview, Camille Lacourt a eu ces mots que j’ai trouvé particulièrement intéressants : « La mécanique ne s’est pas mise en place ». A en croire l’intéressé, ce n’est pas une question de talent mais plutôt une question d’huile dans les rouages, une conjonction de facteurs qui a fait que la magie n’a pas opéré.

Cette réflexion est l’illustration du fait que le talent n’est pas une ressource tangible que l’on utilise comme bon nous semble. Le talent est davantage un processus qu’un objet ! C’est la révélation d’une aptitude, plus ou moins exceptionnelle, dans un domaine et un contexte donnés. Voici quelques éléments que l’on peut observer lors de ces jeux olympiques.

La confiance en soi

Nelson Monfort a révélé lors de l’interview que, la veille, Camille ne se sentait pas favori. Peut-être impressionné par le temps réalisé par ses adversaires, ou pour je ne sais quelle autre raison. Nous connaissons tous ce sentiment curieux, certains jours, d’avoir l’impression que rien ne peut nous arriver, de se sentir « en veine ». Et parfois, au contraire, nous sommes beaucoup plus en proie aux doutes. Sans raison apparente…. C’est la beauté et la fragilité du talent que de dépendre d’états mentaux, plus ou moins passagers, plus ou moins récurrents. Cela n’est pas valable que pour les sportifs. La confiance en soi, puisque c’est de cela qu’il s’agit, influe largement sur notre capacité à donner le meilleur de nous-mêmes dans notre domaine de prédilection.

L’enjeu d’un évènement peut bien sûr peser sur notre belle confiance. Un mot, d’une personne proche ou même d’un inconnu, peut également entâcher notre confiance. Rares sont les personnes qui ont une confiance indéfectible et qui se moquent de l’environnement extérieur. On voit parfois au basket des joueurs qui ratent 6 ou 7 tirs à 3 points de suite, mais qui continuent de shooter jusqu’à retrouver le chemin du panier, parce qu’ils ont confiance en leur shoot. Quand d’autres, au contraire, n’osent plus tirer et font systématiquement la passe en se disant que ce n’est pas leur soir. Comment surmonter ce déficit de confiance, passager ou non ? C’est là tout l’apport d’un coach ou d’un manager. 

Le momentum

Quand on regarde certains sportifs, puisque c’est d’actualité, certains artistes ou certains collègues, on sent bien qu’ils ont le vent en poupe, que tout leur réussi. Ils ont ce que l’on appelle le « momentum ». C’est comme une sorte de vague qui nous porte, de vent qui nous pousse, sans même que l’on comprenne très bien pourquoi. Est-ce que le momentum accroît notre confiance et favorise notre succès, ou est-ce notre succès qui « engendre » ce phénomène curieux ? Difficile à dire. Mais certaines personnes savent très bien surfer sur cette vague et accumuler les succès, sans trop se demander jusqu’à quand cela durera.

Fort de ses succès, l’équipe française de natation connaît  – à écouter les journalistes – ce momentum. Les épreuves à venir confirmeront ou non l’existence de ce phénomène 😉

Le conditionnement

De nombreux sportifs ou artistes expliquent qu’avant une prestation, ils se conditionnent ! Plus précisément, ils imaginent la situation dans laquelle ils vont se trouver, en se voyant réussir, en voyant justement tout se mettre en place pour les conduire au succès. De nombreux ouvrages sont sortis ces dernières années expliquant l’importance (bien sûr difficile à démontrer) de visualiser positivement une situation pour que celle-ci se déroule comme on le souhaite.

S’imaginer le déroulement d’une scène est peut-être un moyen d’anticiper ce qui pourrait se passer, de répondre inconsciemment à d’éventuels problèmes qui pourraient survenir. C’est une sorte de répétition mentale. Jusqu’à quel point cela peut-il influer sur la capacité d’une personne à déployer ses ailes ?

La pression

Selon l’Equipe, Camille Lacourt subit la « folie dorée » du reste de l’équipe de France. Cela a peut-être ajouté de la pression a une année qu’il qualifie lui-même de moyenne. Le terme pression est intéressant car il porte bien l’idée que des forces opposées pèsent sur nous et empêchent de déployer nos ailes ! Mais quelle est la frontière entre le momentum provoqué par le succès d’une équipe et la pression que cela fait peser sur chacun de ses membres ?

Tout cela montre bien que le talent est fragile, et que la capacité à le révéler est loin d’être une science exacte…. C’est tout ce qui fait l’intérêt du management des talents 😉