Comment se faire embaucher quand on est jeune diplômé ?

Ma célèbre collaboratrice, Christelle Arquié, co-animait hier un tchat dans les locaux de L’étudiant sur le thème «  Recherche d’emploi : les nouvelles méthodes, les nouveaux outils ». En préparant l’évènement avec elle, j’ai eu envie de revenir un peu aux fondamentaux du recrutement, afin notamment d’aider les jeunes diplômés dans leur recherche (la plupart du temps difficile…). Alors de quoi s’agit-il ?

Une bonne candidature, c’est une bonne histoire

Quand on arrive sur le marché de l’emploi, on a évidemment peu d’expérience, et donc peu d’éléments (à part ses diplômes) à mettre en avant afin de convaincre des recruteurs, voire même d’attirer leur attention. Mais ce que l’on a, ou peut au moins se construire, c’est une bonne histoire ! Pas une histoire au sens « mytho », mais une histoire de celles pour lesquelles on dépense 10 euros au cinéma.

Qui suis-je ? Quel sens est-ce que je souhaite donner à ma vie ? Qu’ai-je fait qui nourrisse cette histoire et soit en accord avec ce que je souhaite raconter (i.e. exprimer) ? En quoi le job pour lequel je souhaite postuler vient-il enrichir cette histoire ? Etc.

L’essentiel n’est pas tant le nombre d’expériences que ce que l’on est capable d’en tirer, le sens que l’on est capable de leur accorder. On le sait bien, on peut parcourir un livre sans rien en retirer d’autre que le plaisir d’un sympathique passe-temps. En revanche, quand on parcourt un livre en quêtes de réponses, la lecture devient beaucoup plus riche. C’est ainsi que l’on peut lire plusieurs fois le même livre en le redécouvrant chaque fois différemment. Il en est de même de son parcours. Aussi court et succinct soit-il, il faut aider celui qui s’y intéresse à trouver ce qu’il recherche !

Bien sûr, ce n’est pas toujours facile de valoriser un emploi d’été chez Mac Donalds ou une mission de classement chez Canal+. Mais si vous n’êtes pas capables de trouver un intérêt à ces différentes expériences et d’en retirer quelque chose, comment espérer qu’un recruteur le fasse à votre place ? 😉

Pourquoi raconter une histoire est-il important ?

Ce n’est pas tant le fait de raconter une histoire qui est important que de permettre à celui qui s’intéresse à nous de comprendre en quoi nous correspondons au profil qu’il recherche, et lui permettre de minimiser le risque associé à son recrutement ! Amis chercheurs d’emploi, comprenez ceci : un recruteur sera rarement récompensé s’il effectue un super recrutement, tout le monde – à commencer par ses clients internes que sont les managers – trouvera ça normal. En revanche, lorsqu’il se trompe (et cela arrive de par le fait qu’un recrutement soit toujours un pari), il peut simplement jouer sa place…. Peut-être pas à la première « erreur », mais au bout de trois ça devient plus compliqué…..

Donc : lorsqu’un recruteur vous bombarde de questions, vous fait passer des tests, cherche à se rassurer au travers d’expériences attestant que vous avez déjà réussi dix fois ce qui va vous être demandé, il cherche en fait – consciemment ou non – à garder sa place. Bien sûr, j’exagère un (tout) petit peu, mais ce n’est pas si loin de la vérité.

L’un des problèmes sous-jacents à cela est que le recruteur perçoive les managers à l’origine de la demande de recrutement comme des clients plutôt que des partenaires…. En fait, un manager n’a rien de mieux à faire que s’assurer que les recrutements qu’il effectue sont de qualité car il en va de la performance de son équipe et de sa tranquillité. Mais le système est aujourd’hui fait de telle façon que les managers sont le plus souvent – en tout cas en France – dans une position attentiste. C’est beaucoup moins le cas dans les pays nordiques par exemple…

Comment assurer la mise en scène de son histoire ?

Comme dans le cinéma, tout part d’une bonne histoire. Encore faut-il ensuite correctement la mettre en scène…. Pour cela, les médias sociaux constituent de formidables outils ! Ils permettent tout d’abord de construire son identité digitale. Chaque média agit comme une caméra, positionnée d’une certain façon et donnant un éclairage bien particulier de notre personnalité, de nos activités, de nos aspirations, de nos hobbies !

LinkedIn fournira un éclairage de nature plutôt professionnelle, parlant de nos expériences pros passées. Facebook apportera un éclairage plutôt privé, avec néanmoins des infos pros utiles au travers des pages entreprise que l’on suit par exemple. Twitter fournira un éclairage encore différent, témoignant assez efficacement de nos différents centres d’intérêt (pros ou persos). Un blog apporte un éclairage tout à fait privilégié car il présente plus que tout autre média nos contributions et réalisations.

A la notion d’identité digitale s’ajoute la notion d’empreinte numérique, soit l’ensemble des « traces d’information » qu’on laisse derrière nous : nos like, nos photos, nos commentaires, nos retweets, etc. Parmi ces empreintes, certaines contribuent de façon pertinente à raconter une histoire :

  • Les personnes et boards que l’on suit sur Pinterest
  • Les pages que l’on suit sur LinkedIn, Viadeo, Facebook
  • Les interactions au sein de groupes (Google+, LinkedIn, ..)
  • Les check-in de Foursquare
  • Etc.

Tout ça c’est bien, mais à qui raconter son histoire ?

Pour avoir une chance de convaincre son interlocuteur, il faut déjà obtenir un rendez-vous… Or comment créer cette opportunité à partir d’un simple envoi de CV ou d’une simple candidature sur un site carrière ? D’une certaine façon, on retourne à la case départ. Pour que son CV sorte de la pile, il faut qu’il attire l’attention. Et quand on parle de CV, on parle aussi bien d’un document Word qu’un CV en ligne à la DoYouBuzz. La façon de présenter les infos, les compétences, expériences, et éléments divers mis en avant, même la typographie utilisée, doivent servir son histoire.

Il ne faut pas hésiter non plus, au risque de paraître un peu monomaniaque, à « encercler » l’entreprise en suivant toutes ses pages, en likant ses publications sur ses différents murs, en suivant son compte twitter, etc.

Enfin, il faut bien sûr faire jouer ses relations et ne pas hésiter à solliciter notre réseau de contacts pour entrer en relation avec un recruteur, et tenter de franchir la forteresse de l’entreprise.

Bref, nul doute que détermination et ingéniosité doivent permettre – à défaut de pouvoir valoriser une longue expérience – de mettre en avant sa motivation et ses qualités. Alors amis « cinéastes », à vous de jouer 😉