N’ayez pas peur du futur, inventez-le ! #SU #Day2

Ce deuxième jour à l’Université de la Singularité était complètement fou ! Au programme de la journée, un panorama de toutes ces technologies qui vont transformer les romans de science-fiction en de pâles sitcoms des années 90 : intelligence artificielle, iot (internet of things), robotique, XReality (que l’on traduirait par réalité exponentielle) et impression 3D. J’ai pris conscience à quel point ces éminents intervenants ne craignaient pas le mythe du Terminator ou la prise de pouvoir par les machines sur nous autres faibles humains. Tous ces chercheurs et/ou entrepreneurs ne s’inquiètent pas du futur car ils sont en train de l’inventer ! Voici quelques unes de leurs réflexions.

Quand l’information est accessible pour tous, seules les questions font la différence

Peter Diamandis est considéré ici comme une rock-star ! C’est un peu le Bono des technologies exponentielles. Il a développé toute une théorie sur l’abondance qu’il a développé dans un best-seller. Il explique comment nous avons démocratisé au cours de ces dernières décennies le coût de la vie. A force de courbes et chiffres éloquents, il démontre que tout est devenu moins cher et plus accessible pour un nombre toujours grandissant de personnes : transports, énergie, éducation, santé, …. Même si notre perception est différente au quotidien, les chiffres sont là et la situation globale s’améliore.

L’un des éléments clés de sa théorie est que notre sentiment de vivre dans un monde où nous continuons de côtoyer l’insécurité, la maladie, la pauvreté, vient des médias qui ne portent leur attention que sur ce qui dysfonctionne, sur les évènements dramatiques qui peuvent survenir ici et là. Les accidents d’avion existent, mais cela reste de très loin le moyen de transport le plus sûr. Montrer un crash pendant une semaine renforce notre peur de l’avion quand montrer les statistiques pourrait au contraire nous permettre de nous sentir plus serein.

Selon lui, il faut faire évoluer nos mentalités afin d’apprendre à porter notre attention sur ce qui va bien ! Et se demander comment nous allons transformer les problèmes majeurs que connaît la planète en autant d’opportunités. Chacun d’entre nous à selon lui la capacité à adresser ces problèmes car on peut tout savoir pour peu que l’on pose les bonnes questions. La différence entre ceux qui réussiront à changer le monde et les autres réside précisément dans la pertinence de ces questions ! Les solutions viennent ensuite naturellement.

Si l’on voit le verre à moitié plein, la capacité des gens de la Silicon Valley à se concentrer sur le potentiel de chaque situation est fascinant ! Si l’on voit le verre à moitié vide, leur capacité à éluder la souffrance inhérente aux catastrophes que connaissent beaucoup de gens actuellement est tout aussi fascinante…. Mais c’est – à l’instar de ce qu’il explique – leur capacité à agir coûte que coûte sans se noyer dans des tergiversations qu’ils jugent inutiles qui fait de cet endroit l’un des sièges de l’innovation technologique.

Ne dites pas comment, dites quoi

Vient ensuite Peter Norvig, l’un des papes de l’intelligence artificielle oeuvrant actuellement chez Google. Son postulat est pour le moins très simple : la puissance de l’intelligence artificielle sera bientôt sans limite, et la question n’est pas de savoir si elle peut résoudre un problème et comment, mais de déterminer ce que l’on veut qu’elle accomplisse ! Elle va ainsi nous contraindre à cibler les problèmes prioritaires que l’on veut adresser, ce qui est une bonne chose.

Durant la pause, je lui ai tenu le raisonnement suivant et posé la question qui en découle. Si on limite l’intelligence artificielle en la faisant reposer sur nos connaissances et les modèles mentaux prédéterminés qui l’accompagnent, celle-ci ne pourra pas exprimer toute sa puissance. Mais si nous la laissons apprendre de façon inductive en lui fournissant les millions de données qu’elle peut ingérer, nul doute qu’elle considérera rapidement les humains comme une sympathique bande de demeurés. Comment alors s’assurer que les intelligences artificielles ne coopèrent pas pour prendre le pouvoir sur l’humain ?

Robot_ATTACK!

Je vous laisse seuls juges de la pertinence de cette question. Ce qui m’a étonné n’est pas qu’il l’ait trouvée pertinente ou non, mais qu’il n’ait simplement pas compris pourquoi je lui posais cette question. J’ai bien vu dans ses yeux que ce type de questions n’avait pour lui aucun sens. Il m’a répondu la chose suivante : dans l’histoire de l’humanité nous avons toujours découvert les dangers de nos inventions au fil de l’eau, après les avoir insérées dans notre vie de tous les jours. Pas de raison qu’il en soit autrement pour l’intelligence artificielle.

Ce à quoi je lui ai répondu : oui mais nous faisons face à une situation unique où il ne s’agit pas de savoir comment l’humain va utiliser les machines, mais comment les machines vont utiliser d’autres machines, éventuellement pour prendre le contrôle de l’humain. Il m’a alors répondu : mes amis n’ont pas l’air de s’inquiéter donc je ne m’inquiète pas.

Je respecte énormément Peter Norvig et ne veut nullement au travers de ces propos minimiser sa précieuse expertise. Je veux simplement souligner que nous sommes ici dans un autre monde, où l’action prime sur les préoccupations éthiques, politiques, légales et intellectuelles. L’enjeu est d’avancer et de corriger les erreurs au fil de l’eau. Espérons simplement qu’en l’occurence la situation ne nous échappe pas….

L’avènement de super-héros est pour bientôt

Vient ensuite Jody Medich et son incroyable présentation sur la XReality ou réalité exponentielle. Nous connaissons la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Il est ici question de la réalité exponentielle qui est à la convergence de la réalité augmentée, de la robotique, de l’internet des objets et de l’intelligence artificielle.

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Où comment des robots et un casque de réalité virtuelle permettent de «  tromper le cerveau » de personnes handicapées, et leur permettre peu à peu de retrouver l’usage de muscles jusqu’alors totalement paralysés. Comment une personne dotée d’une force normale se retrouve à soulever des objets en principe impossibles à soulever grâce à l’assistance de robots et d’un casque de réalité augmentée. En résumé, la réalité exponentielle permet de nous doter de super-pouvoirs ! Ceci s’appuyant sur le postulat que le cerveau ne fait pas la différence entre ce qui est réel et la réalité virtuelle pour peu qu’on lui transmette toutes sortes de signaux (images, sons, sensations, …).

Après avoir présenté Microsoft Holoskype et Microsoft Holoportation, on comprend bien l’impact de la XReality sur l’entreprise : travail collaboratif, apprentissage, tout va être différent ! Et l’impression du réel est telle que l’usage dans nos vies de tous les jours est également évident : assister au concert de son groupe préféré en étant backstage, visiter un musée au bout du monde, effectuer un safari photo, tout cela devient possible de chez soi, confortablement installé dans son fauteuil.

Evidemment, je n’ai pu m’empêcher de lui demander si des études avaient été menées concernant l’impact de ces technologies sur le cerveau ? Et si elle n’avait pas peur que cela conduise les nouvelles générations à ne plus sortir de chez elles, voir à trouver la vie de tous les jours bien terne à côté de ce que la XReality pourrait leur permettre d’expérimenter ?

Une nouvelle fois, j’ai eu un retour très modéré, et me suis simplement entendu dire : on regarde son téléphone 2600 fois par jour, alors on est de toute façon déjà esclave des technologies. Ce à quoi j’ai répondu qu’avec les technologies exponentielles, la dépendance pourrait être accrue exponentiellement et possiblement rendre certaines personnes fragiles complètement dingues. Ce qui a marqué la fin de notre conversation.

Même si je suis également admiratif de tous ces intervenants plus experts les uns que les autres, je ne peux m’empêcher de me poser les questions suivantes : sommes-nous bien conscients qu’en jouant les apprentis-sorciers avec ces technologies, nous portons l’entière responsabilité du futur que l’on dessine ? Et est-il bien raisonnable de travailler sur toutes les potentialités offertes par ces technologies  sans un comité d’éthique et de régulation visant à dresser les contours de ce qu’il est humainement acceptable d’envisager ? Ne devons-nous pas nous assurer de la convergence de ces évolutions avec la vision de la société dans laquelle souhaitons vivre ?

Il ne s’agit pas ici de freiner toute innovation en passant des milliers d’heures au sein de comité abscons. Pas plus qu’il n’est question d’opposer le business aux impacts sociétaux. Il doit néanmoins être possible de trouver un juste équilibre entre innovation débridée et réflexion sans fin. Peut-on en parallèle agir et réfléchir ? Au rythme auquel avancent la Silicon Valley, il est en tout cas grand temps que certains se mettent à réfléchir 😉